TRIBUNE : LES FAMILLES DES MAMANS SOLOS SONT DES FAMILLES A PART ENTIÈRE ! ELLES VONT BIEN, MERCI !

Par
Yasmina Jaafar
21 janvier 2020

A l'heure où le Sénat reprend ses travaux parlementaires sur le projet de loi bioéthique, nous ne pouvons que déplorer l'artifice mis en place pour écarter de l'accès au remboursement de la PMA les couples de femmes et les femmes célibataires qui souhaitent devenir mères. Cet amendement de la commission spéciale va ainsi réserver l’accès à ces techniques à celles qui en ont les moyens. Il va donc créer une rupture du principe d'égalité des femmes face à leur santé procréatrice.

Ce positionnement montre à quel point il y a un rejet de la diversité des familles qui existent pourtant et notamment celle des mamans en solos. L’utilisation du mot « femme seule » est assez révélateur pour nous définir, on trouve « isolée » parfois… or nous ne sommes pas seules, nous avons une famille, des amis, et faisons partie de la même nation française qui doit nous accueillir de manière fraternelle. Nos familles sont ignorées et victimes de préjugés car mal connues. Les débats parlementaires l’ont clairement démontré. Nous avons eu peu de possibilité de nous exprimer d’ailleurs, une invitation à une commission rapporteur seulement.

Notre association Mam’ensolo rassemble de nombreuses femmes, mères ou en parcours de PMA. Nous sommes universitaires, professeures, architectes, médecins, avocats, journalistes, infirmières, travailleuses sociales, fonctionnaires, employées … Nous avons toutes longuement mûri et réfléchi nos projets, préparé la venue de nos enfants, parfois des années avant leur conception.

Nous avons fait le choix de la monoparentalité, nous ne la subissons pas. Nous élevons nos enfants avec amour. Nous sommes aussi vigilantes que d’autres familles à leur bien-être et à leur épanouissement. Une femme célibataire n’est pas par essence vulnérable. Une famille solo n’est pas par essence précaire ou fragile.

Nous souhaitons être respectées, écoutées, car décider du sort de nos familles, de notre maternité, sans nous concerter au motif de nous protéger, est intolérable à accepter. Cette future loi est une avancée majeure certes, mais certaines dispositions ne nous satisfont pas. Nous aurions souhaité nous exprimer, présenter nos positions, nous expliquer.

Par une ironie de l’histoire, nous nous retrouvons aujourd’hui à devoir encore nous justifier de disposer librement de nos corps et de nous assumer pleinement en tant que femmes. Nos familles existent depuis des années. Nous ne sommes ni un épiphénomène temporaire, ni des hystériques capricieuses.

Nous espérons des professionnels, avocats, notaires, médecins, psychiatres ou psychologues qui seront partie prenante de notre projet de PMA, qu’ils ne se poseront pas en experts chargés d’évaluer notre capacité éducative, notre équilibre mental, nos capacités intellectuelles ou physiologiques, relents de pratiques sélectives des personnes jugées inaptes à se reproduire, mais qu’ils accompagneront nos familles et répondront à leurs besoins spécifiques. 

Notre projet parental peut ne pas souscrire à la vision traditionnelle sur le couple, la famille et la parentalité mais il importe de le respecter. Les professionnels et la société sont tenus de valoriser sans différence de traitement les personnes, quelles que  soient leurs différences comme le sexe, le statut conjugal, l’orientation sexuelle, les capacités mentales ou physiques, l’âge et le statut socio-économique.

En ce sens de nombreux professionnels nous écoutent, nous comprennent et nous soutiennent. Les associations de personnes issues du don, et de personnes infertiles, nous apportent également leur soutien. (*)

Non seulement nos familles vont bien mais en plus nos enfants s’épanouissent comme les autres.

Accordez-nous le droit d’être libres de concevoir nos familles et de le faire avec les moyens offerts à toutes les femmes.

(*)Gisèle Apter, Professeur d'université de pédopsychiatrie, chef de service, Hôpital du Havre, Université de Rouen, présidente de la Société scientifique de l'information psychiatrique (SIP)

Christophe Beaugrand, journaliste

Bénedicte Blanchet, cheffe de projets technique, membre du bureau Mam’ensolo

Vincent Brès, membre de l’association PMAnonyme

Benoît Cayol, psychopraticien,

Céline Cester, présidente des Enfants d’Arc en Ciel l’asso !

Catherine Clavin, avocate au barreau de Marseille et de Paris,

Agnès Condat, psychiatre, psychanalyste, service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent GH Pitié-Salpêtrière, Cecos Cochin

Olivier Delacroix, Journaliste et réalisateur

Anne Sophie Duperray, cofondatrice Mam’ensolo

Pauline Escande Gauquié, maîtresse de conférence au Celsa , université de La Sorbonne

Bénédicte Flye Sainte Marie, journaliste et auteure de PMA, le grand débat

Guilia Foïs, journaliste France Inter

Muriel Flis-Treves, psychiatre, psychanalyste,

Laurence François, psychiatre, psychothérapeute,

Adrien Gantois, sage-femme et président du CNSF (Collège national des sages-femmes)

David Gauquié, Producteur CinéFrance

Thierry Harvey, Gynécologue-obstétricien, chef de la maternité des Diaconesses

Serge Hefez, responsable de l'unité de thérapie familiale dans le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Yasmina Jaafar, journaliste et fondatrice du site d'analyses média et politique laruchemedia.com

Audrey et Arthur Kermalvezen, co-fondateurs de l’association Origines

Olivia Knittel, journaliste et auteure de PMA, pour mon amour

Isabelle Laurans, enseignante et cofondatrice Mam’ensolo

Marie Labory, journaliste Arte

Eleni Mouratidou Maîtresse de Conférences en Sciences de l’information et de la Communication

Laure Narce, cofondatrice Mam’ensolo

Lennie Nicollet, président d’homosexualités et socialisme (HES)

Israël Nisand, Professeur de gynécologie-obstétrique à l'université de Strasbourg, spécialiste en procréation médicalement assistée, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français,

Marie-Christine Nozain, cofondatrice Mam’ensolo

Virginie Rio, présidente de l’association BAMP, association de patients de l’AMP et de personnes infertiles,

Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse,

Renate Sachse, psychanalyste,

Mariama Soiby, avocate au barreau de l’Essonne, membre du bureau Mam’ensolo

Sandra Tabary, membre du bureau Mamensolo

Irène Thery, sociologue spécialisée dans la sociologie du droit, de la famille et de la vie privée, directrice d'étude à l'EHESS

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