Sarah Lenka raconte le parcours des femmes de sa famille algérienne dans son dernière album "Isha" (Femme en Hébreu). Elle sera en concert le 12 février prochain dans le cadre du concert de clôture du festival au fil des voix à Paris - le Trianon .

Rencontre :

Votre titre "Women who raised you" est-il symbolique de l'ADN de votre album "Isha" ?  

"Women who raised you" est arrivé après une discussion avec une de mes tantes. Je lui demandais ce qu'elle avait ressenti enfant quand ils ont quitté l’Algérie ?
Qu'est ce qui passe dans l'esprit d'une enfant de dix ans... ? Elle m'a répondu : "la tristesse !". Triste d'avoir laissé les femmes qui l'ont élevée derrière elle. Leur gentillesse, leur sourire. Elle a eu peur aussi. Alors, je me suis mise en tête de raconter le parcours de ces femmes en exil. Ces femmes invisibilisées même à l’intérieur des familles. J'ai vu à quel point, elles n'ont jamais parlé, jamais eu la parole. Elles n'ont pas eu non plus l'espace suffisant pour témoigner ou dire... J'ai voulu aller chercher leurs histoires. Aller chercher la mienne par miroir, en tant qu'enfant d'exilés. Ce parcours m'a élevée.

Que signifie Isha ? 

"ISHA" signifie "Femme" en hébreu. J'ai choisi l’hébreu car ma famille était une famille israélite indigène. J'ai entendu cette langue enfant. Elle représente une partie de leur histoire, celle qui n'ont pas transmis ni appris mais qui vient chercher les racines de leur histoire. Je chante une chanson en arabe, un son traditionnel arabo andalou car c'est cette langue que mes grands-mères pratiquaient. Mon disque est hommage à mes racines effacées.

Le son pop folk et world entoure votre création. Quelles sont vos influences ? 

J'ai fait mes études en Angleterre. J'ai toujours eu des influences musicales très anglo-saxonnes et afro-américaines ! Entre folk, trip-hop, certains groupes de rock et plus tard, début trentaine, j'ai commencé à écouter beaucoup de musique capverdienne, brésilienne, du Mexique à l'Argentine, l’Espagne, l’Afrique. Pour Isha, mon premier album de composition, j'ai composé de manière très instinctive. Je ne suis pas académique. C'est dans ce processus de création que j'ai vu, que malgré tout, la transmission était essentielle. Mes influences sont là, dans ces mélodies et ces rythmes. Je me concentrais juste sur mes émotions pour célébrer cette culture.