Fabrication ? Méthodologie ?... Tout savoir sur les vaccins grâce au pharmacien et membre du cercle La Ruche Média Roxane Goulam

Par
Roxane Goulam
7 janvier 2021

Les vaccins à ARN messagers

Il y a quelques mois encore, face à la propagation pandémique du virus Sars-CoV-2, nous nous sentions démunis. Non seulement l’inconnu nous faisait peur, mais en plus nous n’avions pas d’arsenal thérapeutique rassurant en main. Mais voilà que, près d’un an seulement après l’émergence du virus, nous pouvons nous faire vacciner contre la maladie Covid-19 en France. La Ruche Média vous donne quelques clés pour mieux comprendre ces vaccins dont tout le monde parle.

Ça y est, l’Agence Européenne du Médicament a rendu un avis favorable à la mise sur le marché de deux vaccins indiqués dans la prévention de la maladie Covid-19 chez les personnes âgées de 16 ans et plus : celui du laboratoire américain Moderna, et l’américano-allemand Comirnaty® développé par les laboratoires Pfizer et BioNTech.

Ils ne sont pas les premiers à avoir vu le jour, mais ils sont les premiers à faire leur place dans la stratégie vaccinale européenne. Des vaccins non conventionnels, une mise au point plus rapide qu’à l’ordinaire…autant d’éléments qui ont dévoré l’espoir d’hier pour laisser le champ libre aux craintes d’aujourd’hui.

Alors, revenons un peu plus en détail sur le développement de ces produits et la technologie qu’ils utilisent.

Le principe de la vaccination est de préparer les cellules de l’immunité à un futur contact avec l’agent infectieux, pour une réponse immunitaire rapide et efficace le cas échéant. Pour ce faire, nous élaborions jusqu’ici des vaccins contenant les germes dont nous souhaitions nous prémunir, soit vivants et atténués, soit inertes et inactivés, ou bien encore des fragments antigéniques de ces germes. L’administration de ces vaccins dits « classiques » permet à notre organisme d’établir un premier contact le corps étranger, et ainsi de déclencher la production d’anticorps qui lui seront spécifiques et qui constitueront notre mémoire immunitaire protectrice.

Avec le Comirnaty® et le vaccin Moderna, nous sortons des sentiers battus, pour stimuler la réponse immunitaire un peu différemment. Au lieu d’injecter directement tout ou partie de l’agent pathogène, nous allons inciter le corps humain à produire lui-même les protéines virales contre lesquelles il va apprendre à se défendre. Et cela à l’aide du fameux acide ribonucléique messager (ARNm). L’ARNm normalement présent dans notre organisme est une molécule riche d’informations génétiques permettant à nos cellules de synthétiser diverses protéines. Celui de la préparation vaccinale, lui, code spécifiquement pour la protéine qui nous intéresse : la protéine S de surface du Sars-CoV-2. C’est sa production qui provoquera la réaction immunitaire vaccinante.

Précisons que l’ARNm vaccinal est conçu pour pénétrer dans les cellules musculaires au site d’injection, mais pas dans leur noyau, où est contenu notre ADN. Il n’y a donc pas d’interaction quelconque avec notre matériel génétique ni de transmission à notre éventuelle descendance.

La mise au point de cette nouvelle méthode a bien sûr impliqué de relever des défis techniques, pas toujours aisés. Il a fallu par exemple apprendre à leurrer notre organisme, capable de détecter les ARN viraux, en modifiant la structure de l’ARNm du vaccin pour le rendre plus discret et moins inflammatoire. S’est également posée la question du transport de cette molécule très fragile, que ce soit en extérieur, où sa stabilité exige des températures de conservation très basses, ou une fois injectée, où il lui faut alors être véhiculée au moyen d’une capsule lipidique pour arriver à bon port.

Mais, une fois ces obstacles surmontés, les vaccins à ARNm offrent des avantages non négligeables. Outre l’efficacité attendue, ils sont en effet faciles et rapides à synthétiser en laboratoire, au contraire des vaccins traditionnels dont la production nécessite de longues étapes de manipulation des virus. Qui plus est, ils ne contiennent ni adjuvants ni conservateurs, même si, comme tout médicament, ils peuvent entraîner d’éventuels effets indésirables.

Si cette technologie était jusqu’alors peu connue du grand public, parce qu’aucun vaccin de ce type n’avait encore été homologué, il faut cependant savoir qu’elle est à l’étude depuis plus d’une dizaine d’années !

C’est en fait l’urgence de la crise sanitaire actuelle qui a donné un coup d’accélérateur à sa conception, notamment grâce à un investissement financier massif dans la recherche scientifique ainsi qu’à une forte mobilisation internationale, appuyée par les autorités sanitaires et gouvernementales. Les procédures de mise en place des essais cliniques s’en sont retrouvées facilitées par la même occasion, pour avancer sans perdre de temps dans cette quête effrénée.

Ainsi, à ce jour, environ 60 vaccins potentiels contre la maladie Covid-19 issus de diverses technologies sont en cours de développement clinique, partout dans le monde, dont 15 à un stade déjà avancé.

Nous avons les vaccins, il va falloir à présent se préoccuper de la vaccination !

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Yasmina Jaafar
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