
Fatiha Agag-Boudjahlat est professeur et cofondatrice avec Celine Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle publie « Le Grand Détournement » aux Éditions du Cerf. Féminisme, tolérance, racisme, culture… sont les mots disséqués dans cet ouvrage bien renseigné. Un livre sans concession qui pousse à la réflexion. Nous l’avons rencontrée pour en savoir plus. Entretien coup de poing !
Propos recueillis par Yasmina Jaafar
Comment vous est venue l’idée du livre « Le grand détournement » ?
J’ai commencé à écrire des tribunes il y a un peu plus de deux ans. J’ai recommencé à réfléchir. Et il y a des choses que je ne comprenais plus. Chez les enfants d’immigrés de mon âge. Chez mes élèves. Dans les médias. Je ne comprenais plus des mots, des notions qui me semblaient appartenir à un patrimoine politique commun. Alors j’ai lu. Lu les livres les textes des identitaires adeptes de la souche. Des indigénistes et des islamistes tout aussi adeptes de l’authenticité, d’une ethnicisation de la foi, de l’identité, du groupe. Et j’ai vu notre retard, parce que ces activistes ont travaillé dur, captent les médias, imposent ce détournement sémantique en bande organisée.
Les mots courants comme « Féminisme » ou « Nation » évoluent négativement dans leur signification. Comment lutter contre cette distorsion grammaticale et de sens ?
En les utilisant, en les gardant dans le champ politique républicain, en refusant leur captation par les extrémistes. La Nation, c’est le corps politique des citoyens. C’est ce qui permet d’être français tout court, sans établir de hiérarchie entre ceux de souche, fils d’Obélix, et ceux dits de papiers, naturalisés. C’est un ensemble de compatriotes liés les uns aux autres par des droits mais surtout par des devoirs. La Nation n’est pas de droite, pas de gauche, surtout pas d’extrême droite, et c’est à ce courant que les indigénistes comme Bouteldja appartiennent.