Rencontre avec une artiste chanteuse émouvante. Elle chante le Liban et la France avec une belle intensité. Un hymne à l'amour à découvrir. Elle sort son EP le 24 Avril 2024, et sera en concert à l’Institut du Monde Arabe ( Paris ) le 19 Juin dans le cadre du festival Arabofolies. "Tout commence dans l’avion de l’exil, Beyrouth-Londres dans le cœur d’une ado de 14 ans, laissant derrière moi ma ville bombardée, mes amis : un walkman vissé sur les oreilles et la voix de Bowie dans le casque." Nous avons rencontré l'artiste :
Orientée et non Orientale. Que signifie le titre de votre nouvel album à vos yeux ?
Orientée et non Orientale : La nuance est capitale. A mon arrivée en France, j’étais plutôt désorientée. La France m’a adoptée, me suis fondue dans cette terre d’accueil, sans pour autant oublier mes racines. La France si généreuse m’a permis de rester l’Orientée que je suis : Corps et cœur ici, l’âme là-bas.
Que se cache-t-il derrière la subtilité ?
Dans ce mot, se love une grande partie de ma personnalité, de mon identité : Au premier degré, il y a ce déterminisme, cette volonté farouche d’avancer contre vents et marées dans une direction choisie, assumée. Dans un sens plus métaphorique, on y retrouve en filigrane cet Orient que je porte en moi, qui ponctue ma vie, nourrit mon travail, mon imaginaire à travers mes écrits, mon chant, mes compositions.
Comment a démarré l'envie de reprendre la chanson de David Bowie ,"ELLI" ?
A 14 ans, dans l’avion de l’exil, La voix de Bowie me consolait. Ado, je trouvais déjà dans « The man who sold the world » des intonations orientales !
2019, l’exposition les DIVAS à l’Institut du Monde Arabe sonnera comme un déclic, virant à l’obsession : Où est passé cet Orient-là ? L’envie utopique de le faire revivre le temps d’un hymne, écrire une chanson de paix qui s’adresserait à cet Orient si proche de mon cœur... La boucle sera bouclée puisque le 19 Juin je serai en concert à L’IMA justement.
Le monde subit des migrations suite aux guerres et aux changements climatiques. Que gardez-vous de votre exil à l'âge de 14 ans ?
Une maturité précoce ! Je le vois dans toutes les photos de cette période : Même derrière un sourire, on devinait dans le regard, une forme de gravité qui m’émeut aujourd’hui. Même adulte, je reste une enfant de la guerre. Il y a aussi en moi, le devoir permanent de rendre au pays qui m’a tendu les bras, le meilleur de moi-même.
Retournez-vous de temps à autres au Liban ? Pouvez-vous témoigner du quotidien dans ce pays actuellement menacé ? Et de la résilience d'un peuple.
J’y retourne tous les 3 mois pour rendre visite à mes parents, ma famille. J'ai le Liban en bandoulière. J’ai en permanence le besoin de m’exprimer en chanson dans ma langue natale. Rendre hommage à ce Liban éternel est un curieux sentiment. La nostalgie d’un pays que je n’aurai jamais connu en paix s’est installée depuis quelques années. Une détresse palpable.
Pourtant, je ressens la force et la résistance d’un cèdre.
Quelles sont vos figures féminines arabes inspirantes et pourquoi ? Musique, cinéma, arts...
Des cabarets du Caire, aux studios en passant par le casino du Liban, les maris, les amants, l’alcool, la musique, les voix, les ovations, l’audace, le génie, la tragédie, la mélancolie. J’aime cet Orient majestueux, berceau de la civilisation. Cette liberté absolue dont on fait preuve les Divas Oum Kalthoum, Asmahan, Feyrouz.