La France, l'Iran et Mona Jafarian - le Grand Entretien : "LFI : Ce courant, qui prétend incarner la voix des opprimés, inflige aujourd’hui à notre société des fractures profondes, par opportunisme électoral et à coup de populisme identitaire."

Par
Yasmina Jaafar
14 mai 2025

Mona Jafarian est Franco-iranienne. Son dernier livre "Mon combat"(Stock) exprime toute la passion qu'à l'auteure pour la France et pour l'Iran. Ses parents, son oncle injustement exécutés en Iran par ayatollah Khalkhali, son peuple combatif et résilient, son ancrage français... Mona Jafarian ne cache rien. Le texte est fort et sincère. Plongée dans un récit à la fois personnel et universel.

L’ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique d’Iran, a rédigé dans les années 1970 un ouvrage doctrinal fondamental intitulé Hokumat-e Islami (Le Gouvernement islamique). Dans certains milieux occidentaux, ce livre a été surnommé « le Mein Kampf de Khomeini », en raison de sa charge idéologique extrémiste et de sa vision totalitaire du pouvoir religieux.

Dans ce traité, Khomeini expose les fondements théoriques du Velayat-e Faqih ( la tutelle du juriste-théologien ) concept selon lequel un clerc islamique, vertueux et érudit, doit exercer l’autorité politique suprême au sein de la société. C’est ainsi qu’est né le guide suprême au sommet de l’État. Dans cet ouvrage, il y tient des propos extrêmement virulents surtout contre les Juifs, mais aussi contre les chrétiens, les “colonisateurs occidentaux” et les sionistes. Il y décrit les juifs comme des ennemis historiques de l’Islam, accusés de conspirer contre lui, et appelle même à la destruction des centres missionnaires chrétiens et juifs à Téhéran. Il prône également la libération de la Palestine, véritable obsession, et critique violemment l’Occident, notamment les États-Unis et Israël, les qualifiant de forces malfaisantes soutenant l’oppression des musulmans. Khomeini voyait l’Islam et le musulman comme au dessus de tout. Tout le reste devait être réprimé, opprimé, éliminé. Il partageait la même haine des juifs qu’Hitler. Le premier par islamisme et le second par suprémacisme.

Et n’oublions pas que cet ouvrage existait déjà à une époque où une partie de la gauche française, accompagnée de figures intellectuelles majeures telles que Michel Foucault, Jean-Paul Sartre ou encore Simone de Beauvoir, apportait son soutien enthousiaste à l’ayatollah Khomeini. Fascinés par ce vieil islamiste, ils voyaient en lui une figure charismatique, presque mystique, de l’anti-impérialisme. Foucault, en particulier, n’hésita pas à qualifier ce soulèvement religieux de « spiritualité politique », allant jusqu’à évoquer une forme de nouveau Gandhi.

Cette fascination aveugle, nourrie d’une illusion romantique d’émancipation des peuples du Sud face à l’Occident dominateur, se heurtait pourtant à la réalité doctrinaire et autoritaire du projet khomeiniste. On peut légitimement s’interroger sur cette indulgence, voire cette complaisance, intellectuelle vis-à-vis de l’islamisme porteur de répression, de barbarie et d’exclusion, en particulier à l’égard des femmes et des minorités.

Ce tropisme idéologique de la gauche d’hier trouve d’étranges échos dans les prises de position contemporaines de La France Insoumise et de certains mouvements militants ou féministes, qui manifestent aujourd’hui une proximité idéologique ou stratégique avec des milieux fréristes ou islamistes sous couvert de lutte humaniste ou anti sioniste. Ainsi, l’histoire semble se répéter : sous couvert d’antiracisme ou d’anti-impérialisme, certains ferment les yeux sur les dérives théocratiques, comme si la critique de l’Occident suffisait à excuser toute forme d’autoritarisme « alternatif ». Je développe d’ailleurs cette dérive idéologique d’une certaine gauche dans mon livre.

Sadegh Khalkhali, surnommé « le juge des pendaisons » ou "le boucher du peuple iranien", fut l’un des personnages les plus redoutés et controversés de la révolution islamique. Nommé dès 1979 par l’ayatollah Khomeini à la tête des tribunaux révolutionnaires islamiques, il fut chargé d’éliminer les opposants politiques, les minorités religieuses et les « ennemis de la révolution », souvent sans procès équitable.

Ce qualificatif de Boucher était dû à l'extrême brutalité avec laquelle il exerça son pouvoir judiciaire. Selon de nombreuses sources, il aurait prononcé et supervisé des milliers d’exécutions ( plus de 8 000 victimes ). Il n’hésitait pas à agir comme bourreau lui-même, achevant de ses propres mains les prisonniers encore vivants en prison, ou en faisant fusiller sur place des condamnés blessés mais non morts. Il ordonna également la destruction de symboles du patrimoine perse préislamique, comme la tombe de Cyrus le Grand et tenta de raser le site historique de Persépolis. C’est l’une des particularités de la république islamique : la haine de l’Iran, de notre culture, de notre histoire et de nos racines. Khomeini prônait la destruction de notre iranité pour pouvoir imposer l’Islam “qui ne reconnaît aucune nation, aucune frontière ni aucun patriotisme”.

En effet, Khalkhali a été celui qui a ordonné l'exécution de mon oncle, Mahmoud Jafarian, vice-président du parti Rastakhiz ( parti politique du Shah ) et directeur de la radio-télévision nationale. Il était un proche du Shah. Il a été l’une des nombreuses victimes de leur justice expéditive. Il fut l’un des premiers à être fusillés après la révolution. Un journaliste de BBC Persian, Massoud Behnoud, collaborateur du régime, avait monté un dossier contre lui sur ordre du pouvoir judiciaire.

Dans la nuit du 15 février 1979, Mon oncle a été exécuté aux côtés d'autres figures clés de l’ancien pouvoir, dont les généraux Nasiri, Rahimi, et Khosrodad. Ces procès, tenus dans l’enceinte de l’ancienne école Refah à Téhéran, étaient dépourvus des garanties élémentaires de procédure : pas d’avocat, pas d’appel, et des accusations floues comme « corrupteur sur terre » ou « ennemi de Dieu » qui suffisaient à justifier la peine capitale. Et qui continuent d’être utilisées en 2025, en Iran, pour emprisonner, torturer et pendre. Mon père avait également été emprisonné mais il avait miraculeusement été libéré.

L’affaire de mon oncle illustre parfaitement le climat de terreur juridique instauré par Khalkhali dans les premières semaines de la République islamique. Elle marque aussi un tournant brutal dans l’histoire de mon pays : la substitution du droit par une justice idéologique islamique fondée sur la vengeance révolutionnaire et le djihad plutôt que sur des principes juridiques reconnus

Quatre années après la révolution islamique, alors que je n’étais encore qu’un nourrisson de dix-huit mois et que ma mère était enceinte de mon frère, mes parents prirent une décision aussi douloureuse que déterminante : fuir l’Iran. L’idée de voir grandir leurs enfants sous un régime fondé sur la terreur, la répression idéologique et l’obscurantisme religieux leur était devenue insoutenable.

C’est ainsi que nous avons trouvé refuge en France, terre d’accueil et de liberté, dans l’espoir d’y bâtir une vie plus digne et plus libre. Mon père, quant à lui, devait nous rejoindre par la suite. Mais malgré la dictature instaurée par Khomeini, les persécutions et même la guerre meurtrière entre l’Iran et l’Irak, il ne put jamais se résoudre à quitter définitivement sa patrie. L’attachement viscéral à sa terre natale, à son peuple, à ses souvenirs, l’a retenu.

Ainsi, ma vie s’est construite entre deux mondes, deux langues, deux histoires : celle de la France, pays d’adoption, et celle de l’Iran, pays de mes racines. J’ai grandi dans ce va-et-vient constant, entre l’exil et le retour, entre une vie libre en France et les retours dans mon pays natal où la situation devenait de plus en plus difficile à mesure que je prenais de l’âge.

Mon père voyait en la France bien plus qu’un simple pays d’accueil : il la considérait comme la patrie des Lumières, le berceau de la pensée critique, de la culture raffinée, du savoir humaniste et de l’élégance intellectuelle. À ses yeux, la France incarnait des idéaux universels qui résonnaient profondément avec les valeurs humanistes et spirituelles de notre héritage perse.

Une partie de ma famille s’était déjà installée en France, tandis qu’une autre partie, plus importante, avait choisi les États-Unis. Pourtant, c’est vers la France que mon père se tourna, convaincu qu’elle était plus en affinité avec notre culture d’origine. Il voyait dans la tradition française, son attachement à la laïcité et à la pensée critique, un écho au raffinement intellectuel et poétique de la Perse ancienne, une proximité culturelle et morale qu’il ne retrouvait pas dans l’Amérique.

Ce choix relevait d’une véritable conviction, presque d’un idéal. La France représentait pour lui un prolongement possible de l’âme perse, un lieu où il croyait pouvoir transmettre à ses enfants les valeurs d’ouverture, de dignité et de connaissance qu’il chérissait.

Les Iraniens, peuple épris de liberté et de mémoire, sont profondément patriotes. Ce patriotisme viscéral, enraciné dans des millénaires de civilisation, fut ce que Khomeini redoutait le plus. Quarante-six ans après l’instauration de la République islamique, les nouvelles générations iraniennes se révèlent laïques, souvent athées, intensément modernes, mais surtout profondément attachées à leur histoire préislamique et à leur identité nationale.

Malgré l’oppression, les tentatives d’endoctrinement, les effacements programmés de la mémoire nationale, l’attachement à l’« Iranité » a survécu. Et, paradoxalement, s’est grandement renforcé. Dans les rues du pays, on entend scander les noms de Cyrus le Grand, père fondateur de la Perse antique, et de Reza Shah Pahlavi, perçu par beaucoup comme l’artisan de la modernité iranienne. Les fêtes zoroastriennes, bien antérieures à l’arrivée de l’islam, sont toujours célébrées massivement avec ferveur dans les foyers. Car avant que l’islam ne soit imposé par le sabre, l’Iran avait sa propre religion, le Zoroastrisme et son propre humanisme. Et le peuple iranien d’aujourd’hui est plus aligné que jamais avec la Perse d’autrefois.

Face à cette résilience culturelle, le régime islamique a échoué. Près de 50 000 mosquées sur les 75 000 que compte le pays ont été fermées, faute de fidèles. Ce chiffre seul est un cri du peuple : il ne veut ni de leur dogme ni de leur théocratie. Il rejette avec lucidité l’idéologie islamiste, les compromissions, la corruption institutionnalisée, et le financement de groupes extrémistes terroristes tels que le Hezbollah ou le Hamas avec les richesses du pays, perçus comme des proxies d’un pouvoir qui occupe la nation sans légitimité.

Les révoltes populaires de ces dernières années, de 2009 à 2022, ont toutes été réprimées et noyées dans le sang, mais la mort de Mahsa Jina Amini, en septembre 2022, a marqué un tournant irréversible. Une ligne rouge a été franchie, une rupture profonde s’est opérée. Depuis, l’idée même d’un retour en arrière est devenue impensable. Même le pouvoir en place, à commencer par l’ayatollah Khamenei, en a pleinement conscience. Confronté à une impasse historique, affaibli de l’intérieur comme sur la scène internationale, le régime mise aujourd’hui tout sur les négociations autour du dossier nucléaire, espérant arracher un sursis.

Mais le peuple iranien, dans sa grande majorité, ne veut plus de compromis. Il ne cherche pas à réformer une structure perçue comme fondamentalement criminelle. Il aspire à la voir s’effondrer, à l’envoyer dans les poubelles de l’Histoire. Il lutte non pour aménager sa servitude, mais pour reconquérir sa souveraineté, sa dignité, son avenir.

Je me garde bien de parler indistinctement de la gauche française, car il reste encore une gauche républicaine et laïque, même si elle se fait discrète ou rare. Ce qui m'inquiète profondément, en revanche, c'est l’attitude de La France Insoumise et de ses réseaux satellites. Ce courant, qui prétend incarner la voix des opprimés, inflige aujourd’hui à notre société des fractures profondes, par opportunisme électoral et à coup de populisme identitaire.

En misant sur la polarisation du débat public, sur le repli communautaire et sur la culpabilisation systématique de la République, LFI ne fait pas œuvre d’humanisme ; elle perpétue au contraire une attitude néo-coloniale, où le militant blanc « éclairé » s’érige en sauveur auto-proclamé des minorités, tout en les assignant à une altérité politique. Ce paternalisme condescendant isole davantage encore ceux qu’il prétend défendre.

Le revirement de Jean-Luc Mélenchon est à cet égard emblématique. Ancien pourfendeur du cléricalisme, volontiers critique de l’islam politique et du port du hijab qu’il percevait, à juste titre, comme un signe de l’oppression insupportable de la femme, il s’aligne aujourd’hui avec des mouvances fréristes, indigénistes et des associations radicalisées pro-Hamas, rompant avec toute cohérence idéologique. On assiste à une instrumentalisation sans scrupules des causes sociales et identitaires à des fins purement électorales.

Je détaille d’ailleurs tout ceci dans mon livre car ce phénomène m’est tristement familier. Les discours, les méthodes et l’aveuglement stratégique de certains segments de l’extrême gauche actuelle rappellent à s’y méprendre les erreurs tragiques commises par les marxistes, les communistes et les militants de gauche iraniens à la veille de la révolution de 1979. Ces derniers, persuadés de pouvoir cohabiter avec les islamistes ou même de les manipuler, furent parmi les premiers à être éliminés lorsque le pouvoir théocratique s’installa durablement.

Il serait sage que les actuels partisans de cette gauche radicale et certains milieux militants féministes intersectionnelles, si prompts à donner des leçons de morale universelle, se penchent sur l’histoire contemporaine de l’Iran. Ils y découvriraient le sort réservé à ceux qui, par calcul ou par dogmatisme, ont préféré pactiser avec l’obscurantisme au nom d’une révolution qu’ils croyaient contrôler.

J’ai grandi entre deux cultures, deux langues, deux univers. Le persan fut ma première langue, celle que j’ai apprise sur les genoux de ma mère, avant de prononcer mes premiers mots en français. Ma mère n’avait que vingt-trois ans lorsqu’elle est arrivée en France, avec deux enfants en bas âge et sans maîtriser la langue du pays qui allait devenir le nôtre. C’est à l’école maternelle que j’ai découvert la langue française, cette langue qui allait, elle aussi, devenir mienne.

À la maison, nous vivions à l’iranienne : nous parlions persan, nous mangions selon les traditions de notre pays, nous perpétuions nos coutumes et nos fêtes avec naturel. Et à l’extérieur, nous vivions à la française. Il n’y avait ni conflit ni contradiction. Car les Iraniens partagent avec la France bien des valeurs essentielles comme l’attachement profond à la laïcité, à l’universalité de l’humain. Il n’y eut jamais, pour moi, de choc des cultures, seulement une cohabitation harmonieuse.

Être binationale est une expérience singulière. En France, j’étais perçue comme iranienne ; en Iran, on me voyait comme française. Mais je n’ai jamais vécu cela comme un tiraillement. Bien au contraire, cette double appartenance m’a toujours donné la chance de jouer un rôle de “pont”, transmettre ici la beauté de la culture iranienne, là-bas les valeurs qui fondent la France. Je me suis toujours sentie comme un pont tendu entre mon pays d’origine et mon pays d’accueil.

Je ne me suis jamais interrogée sur la question de l’intégration, et encore moins de l’assimilation. Ma mère nous a toujours transmis un principe simple et lumineux : celui de la reconnaissance envers la terre d’accueil. Elle nous disait souvent qu’on n’entre pas chez quelqu’un pour en changer le menu, la musique ou la décoration. On s’adapte, on respecte, on apprend. Ce respect fondamental ne nous a jamais empêchés d’être nous-mêmes. Les français ont toujours montré beaucoup de sympathie et de respect envers l’Iran et notre histoire.

Et de fait, il n’y avait pas de fracture entre ce que nous étions à la maison et ce que nous étions dans la société. La France a toujours eu une place immense dans mon cœur. Mais l’Iran, lui, ne quittera jamais mes veines. Il coule en moi comme une mémoire vivante, inséparable, indéracinable. Je suis l’enfant de ces deux patries, et je les chéris l’une et l’autre avec gratitude pour ce que chacune a apporté à qui je suis aujourd’hui.

« Nous sommes un grand peuple, nous allons récupérer l’Iran » : tel est devenu le mot d’ordre, le cri du cœur de tout un peuple en quête de sa souveraineté confisquée. Cette conviction intime, inébranlable, nous habite et nous permet de continuer à nous battre. Le régime de la République islamique est aujourd’hui au bord du gouffre. Et, pour subsister, il ne peut plus compter que sur l’appui des puissances étrangères, à commencer par les démocraties occidentales. L’administration Trump se livre à un jeu dangereux en cherchant le deal avec ce régime terroriste.

Nous formulons l’espoir que cette fois, à la différence de 1979, lorsque le monde libre, aveuglé par un romantisme révolutionnaire et une volonté manifeste d’affaiblir l’Iran tout en contrant le communisme, choisit de soutenir l’ayatollah Khomeini, saura enfin se placer du bon côté de l’histoire. Car la victoire du peuple iranien ne serait pas seulement celle d’une nation : elle représenterait un triomphe pour le Moyen-Orient tout entier, et plus largement pour l’Occident, tant les ramifications de ce régime sont nombreuses et nocives.

Des attentats terroristes à la montée de l’islamisme, du soutien explicite à la Russie de Poutine à la guerre de l'information menée par des cyberattaques, en passant par les réseaux de propagande, de radicalisation et de déstabilisation, la République islamique joue un rôle central dans de nombreuses menaces qui pèsent aujourd’hui sur les démocraties libérales. Il est plus que temps que les nations occidentales, et en particulier l’Europe, souvent bien trop conciliante, cessent leur complaisance. Il faut en finir avec l’ambiguïté. Il faut choisir, clairement, résolument, le camp de la liberté.

Les Iraniens renverseront ce régime. La détermination du peuple est irréversible. Mais le soutien du monde libre pourrait nous permettre d’épargner le sang de tant de jeunes, de femmes, d’hommes, qui, chaque jour, osent affronter la répression avec un courage déchirant. Ce régime ne tient plus que par la terreur imposée par une minorité radicalisée, fanatisée, armée, mais nous sommes plus de 80 millions, unis par un même espoir, un même amour de la liberté. Ils le savent, nous le savons : la fin est proche.

C’est pour cela que, dans mon livre, j’insiste sur la responsabilité historique des dirigeants du monde libre. Il est de leur devoir d’adopter les mesures justes et fermes pour accompagner la chute de ce régime théocratique, dont les métastases n’épargnent plus aucune frontière. Le monde a tout à gagner à la libération de l’Iran : un peuple libre, une région pacifiée, et un obscurantisme grandement affaibli. Le moment est venu d’agir. D’autant plus que nous ne demandons à personne ni de mener la guerre pour nous ni de débloquer des fonds. Juste d’arrêter de sauver nos bourreaux.

Nous avons eu la chance d’assister à l’avant-première presse du film. Trois d’entre nous, membres de notre association Femme Azadi, étaient présentes. Nous avons pleuré du début à la fin. Ce film est un coup de poing, un cri silencieux qui dit tout : la condition des femmes iraniennes a sombré dans les ténèbres à la suite de la révolution islamique.

Sous les Pahlavi, l’Iran s’était engagé sur la voie de la modernité. Les femmes iraniennes jouissaient de droits avancés, quasiment comparables à ceux des femmes occidentales, et participaient pleinement à la vie sociale, politique, culturelle. La République islamique, portée par l’idéologie de Khomeini, a brutalement inversé le cours de l’histoire, plongeant notre société dans un obscurantisme d’un autre âge. Le contraste est d’une violence inouïe.

Chaque scène, chaque mot, chaque silence de ce film résonnait en nous comme une blessure rouverte. Nous ressentions dans notre chair la douleur de ces femmes brisées, humiliées, réduites au silence mais qui résistent par la lecture et le savoir. La République islamique n’a pas seulement oppressé les femmes, elle a mutilé l’âme d’un peuple tout entier sur plusieurs générations. Et les femmes, premières cibles de cette régression, en ont payé le prix le plus lourd.

Nous invitons chacun à aller voir ce film. Il ne s’agit pas seulement d’une œuvre cinématographique : c’est un devoir de mémoire et de lucidité. Il permet de mesurer ce qu’il advient lorsque la religion, en devenant politique, s’empare du pouvoir d’État. L’Iran en est la démonstration tragique : lorsque l’islam devient régime, il peut devenir une machine à broyer les libertés, à commencer par celles des femmes. Mais ce film montre également que dès 1979, un véritable mouvement de résistance et de désobéissance civile s'est mis en place pour résister à leur obscurantisme. Nous le disons souvent “Nous sommes les enfants de Cyrus le Grand, pas ceux de Khomenei. Les Ayatollahs ne peuvent rien contre 7000 ans d’histoire”.

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Yasmina Jaafar
Productrice, journaliste, fondatrice du site laruchemedia.com et de la société de production LA RUCHE MEDIA Prod, j'ai une tendresse particulière pour la liberté et l'esprit critique. 

Et puisque la liberté n’est possible que s’il y a accès à l’instruction, il faut du temps, des instants et de la nuance pour accéder à ce savoir.
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