INTERVIEW : MARS ATTAQUE

Par
Yasmina Jaafar
3 avril 2013

« Dans deux ou trois heures tout au plus, ce garçon sera mort. Je vous raconte la suite ? ». Le nouveau polar de Frédéric Mars est ce qu’on appelle un page-turner. La lecture du « Manuel du serial killer », paru dans la collection Black Moon thriller, est en effet totalement addictive. Intelligent, inquiétant à souhait, ce roman noir qui sonde les abysses de la psyché humaine déjoue tous les clichés du genre. Et déroute jusqu’aux derniers pages. Entretien avec un auteur aussi énigmatique que ses livres.

Propos recueillis par Rita Popoulos

“Le manuel du serial killer”, derrière ce titre intrigant et accrocheur se cache un autre livre, pouvez-vous nous expliquer?

Il est question en effet d'un livre dans le livre. Mon personnage principal, le bien nommé Thomas Harris (les fans d'Hannibal Lecter auront reconnu la référence), étudiant à Harvard, effectue un stage dans une maison d'édition, où on l'affecte au tri de manuscrits reçus par la poste. Un envoi anonyme porte ce titre énigmatique et glaçant : "Le manuel du serial killer". Le texte en question détaille par le menu une méthode pour réaliser une série de meurtres avec un mode opératoire le plus discret possible, sans donc se faire repérer ni appréhender par la police. Tom rejette évidemment ce manuscrit… qu'il a pourtant la surprise de retrouver, quelques semaines plus tard, dans la vitrine de la plus grande librairie d'Harvard. Mais ce n'est pas tout : ce texte accablant, qui sonne comme un écho explicite à une série de meurtres d'enfants dans la région de Boston, porte son propre nom sur la couverture ! Tout l'accable donc, et commence pour lui une vertigineuse descente aux enfers…

Ce thriller est plus fouillé psychologiquement que les précédents. A-t-il nécessité une grosse documentation?

Oui, en particulier sur deux aspects : la psychologie des serials killers, et la manière dont la plupart d'entre eux "jouent" avec leur propre démence, et parviennent à la légitimer à leurs propres yeux par tout un système de "paravents" psychologiques. Et par ailleurs, j'ai effectué des recherches plus historiques sur l'un des tous premiers serials killers recensés dans l'histoire américaine, Jesse Pomeroy, qui a tué plusieurs enfants en bas-âge alors qu'il n'avait lui-même que 14 ans. Cela se passait autour des années 1870, mais a durablement marqué l'histoire criminelle américaine.

Enfin, comme je le fais toujours lorsque je situe mon action dans un pays autre que le nôtre, je suis allé sur place, à Boston et Harvard, pour humer l'atmosphère particulière de ces lieux qui portent les traces les plus anciennes de l'histoire américaine (nb : c'est notamment de Cambridge, là où se situe aujourd'hui Harvard, qu'est partie l'armée du général Washington, qui a lancé la guerre d'indépendance).

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L’action du livre se situe aux États-Unis. Est-ce à dire que vos références en matière de thriller sont plutôt anglo-saxonnes?

Pas nécessairement, je lis des thrillers de toutes origines. Le choix des États-Unis se justifie par un motif purement légal, qui est que mon intrigue nécessitait d'être située dans un pays où la peine de mort est encore appliquée, tout au moins dans certains états. L'autre raison, tout aussi technique, c'est que les États-Unis sont l'un des rares pays à disposer de centre médicaux fédéraux qui font aussi office de pénitenciers. Et j'avais besoin d'un lieu de ce type, où il est à la fois question de traiter les grands malades psychiatriques que de châtier les criminels.

Le découpage très scénarisé du livre pourrait donner lieu à un film. Y-a-il des projets en cours?

Il y a des contacts, mais absolument rien n'est conclu, et donc tout est encore ouvert. Si un producteur ou un réalisateur lit le Manuel, il est encore temps pour lui de se mettre en relation avec mon éditeur ou mon agent !

Photo : Edouard Chauvin

 

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Productrice, journaliste, fondatrice du site laruchemedia.com et de la société de production LA RUCHE MEDIA Prod, j'ai une tendresse particulière pour la liberté et l'esprit critique. 

Et puisque la liberté n’est possible que s’il y a accès à l’instruction, il faut du temps, des instants et de la nuance pour accéder à ce savoir.
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