COVID-19 : TESTS SÉROLOGIQUES ? TESTS PCR ? TESTS SÉROLOGIQUES RAPIDES... ? COMMENT FAIRE LA DIFFÉRENCE ? EXPLICATION DE ROXANE GOULAM - PHARMACIEN :

Par
Roxane Goulam
8 avril 2020

Voilà près d’un mois que nous sommes confinés pour freiner ensemble la propagation du coronavirus SARS-CoV-2 sur notre territoire français et ailleurs. Maintenant que nous sommes bien ancrés dans notre confinement, le temps est à la réflexion. Pourquoi ne pas saisir l’une des interrogations qui se promènent dans l’air confiné actuel et tenter d’y apporter quelques éléments de réponses ?  Nous vous proposons aujourd’hui de démêler la question des tests diagnostiques du COVID-19.

Pour bien comprendre la portée des différents tests, il nous faut avant tout faire la distinction entre les notions de dépistage et de diagnostic.

Le dépistage d’une maladie cible une population donnée de sujets apparemment sains et vérifie leur probabilité de développer la pathologie pour laquelle ils sont examinés.Le cas échéant et selon son résultat, le test de dépistage peut permettre d’établir un diagnostic précoce et d’orienter la prise en charge. La démarche diffère de celle du diagnostic à proprement parler qui, lui, est plutôt réalisé chez des sujets présentant des symptômes cliniques. Le test de diagnostic confirme la présence ou l’absence de la maladie et peut aider à en déterminer l’origine. Les tests ne sont donc pas réalisés pour le même motif et ne reposent pas sur les mêmes conditions selon que nous sommes dans le cadre d’un dépistage ou d’un diagnostic.

A ce jour, la seule méthode validée par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament pour détecter le SARS-CoV-2 et diagnostiquer la maladie COVID-19 chez les patients symptomatiques est le test de biologie moléculaire par RT – PCR (Reverse Transcriptase – Polymerase Chain Reaction). Le principe de ce test est de détecter la présence du virus à partir d’un échantillon, par des réactions d’amplification du matériel génétique du virus. Pour ce faire, le patient doit accepter un prélèvement, le plus souvent nasopharyngé, assez peu agréable ! On introduit un écouvillon à l’horizontale dans une narine et on l’insère en profondeur jusqu’au fond de la cavité. Ce type de test est le seul qui permet de mesurer la charge virale, c’est-à-dire de quantifier le virus présent dans l’organisme.

A côté de cela, il existe des tests sérologiques, réalisés par prélèvement sanguin, qui permettent de vérifier si l’organisme a développé une réponse immunitaire au SARS-CoV-2. Lorsque notre corps est infecté par un virus, les cellules de l’immunité se mettent à produire différents types d’anticorps dans le sang qui sont spécifiquement dirigés contre l’agent pathogène. L’analyse sérologique consiste à mettre l’échantillon de sérum sanguin au contact d’une plaque de protéines propres au SARS-CoV-2. Si une personne a été infectée par le nouveau coronavirus, elle aura des anticorps spécifiques que l’on verra se fixer sur les protéines virales.

Cette catégorie de tests n’est pas reconnue à ce jour par les autorités sanitaires comme adaptée à la pose d’un diagnostic en phase aiguë de la maladie. La raison est simple : les anticorps mettent quelques jours à être fabriqués et donc à être détectables dans le sang ! En revanche, selon leur type, les anticorps décelés vont permettre d’identifier les personnes ayant déjà été contaminées et immunisées, qu’elles aient présenté des symptômes ou non.

On s’orientera donc plutôt vers l’utilisation de ces tests dans le but de confirmer un diagnostic posé par RT-PCR ou bien pour pratiquer un dépistage.

Et puis, en ce moment, du côté des laboratoires pharmaceutiques, c’est bien entendu la course aux tests sérologiques rapides, voire ultra-rapides. Le principe repose là aussi sur l’immunologie, mais la technique de réalisation se veut beaucoup plus simple. Chacun y va donc de ses arguments pour mettre en avant son test, facile d’utilisation, qui donnera un résultat clair en moins de quinze minutes, à l’aide d’une simple goutte de sang prélevée au bout du doigt ! A la différence des autres, ces analyses pourraient donc se pratiquer chez le médecin et non plus nécessairement en laboratoire.

Les autorités prévoient de dépister à grande échelle, dans une démarche de surveillance et de contrôle de l’épidémie. Nous attendons encore à ce jour les recommandations des instances sanitaires sur l’utilisation des tests rapides, mais la France en effectue d’ores et déjà des commandes massives. Avant d’y recourir en nombre, il faudra toutefois s’assurer de leur bonne sensibilité (capacité à détecter de faibles quantités de virus) et de leur bonne spécificité (capacité à éviter les réactions croisées avec d’autres agents pathogènes afin de détecter uniquement le virus recherché). A suivre !

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