Dans un commissariat du premier arrondissement de Marseille, trois enquêteurs, deux hommes et une femme, font face aux récits des viols qui sont perpétrés quotidiennement dans la cité Phocéenne. Chaque jour, ils reçoivent des victimes de tout âge, genre et milieu social. Chaque jour, ils mènent leur professionnalisme au service de cette brigade haute en couleur, ou le drame côtoie l’humour, et la noirceur l’espoir. Le film "Ça arrive" de Sabrina Nouchi, véritable plaidoyer pour que cesse l'inertie, avec Catherine Sorolla, Milo Chiarini, est enfin disponible en streaming. La réalisatrice nous répond :
8€ dont 1€ reversé à deux associations qui luttent contre les violences sexuelles
Votre film est désormais visible en streaming. Pouvez-vous nous en dire plus et vers qui sont dirigés les fonds ?
Oui, nous avons pris la décision de rendre le film accessible en streaming pour permettre au plus grand nombre de le voir. Une partie des fonds, à hauteur de 1€, est reversée aux associations Vivre Femme qui ont mis en place une maison d’aides et d’hébergement aux femmes victimes de violences et CTV association qui œuvre également sur le terrain chaque jour pour aider les victimes de violences sexuelles. Il nous semblait essentiel que ce projet ait aussi une portée concrète en soutenant directement celles et ceux qui œuvrent pour l’accompagnement et la protection des victimes.
Quels échos gardez-vous autour du film depuis sa sortie ?
Depuis sa sortie, nous avons reçu de nombreux retours bouleversants. Beaucoup de personnes nous ont confié à quel point ce film leur avait permis de se sentir entendues et représentées. Le public et les professionnels qui l’ont vu parlent d’un film nécessaire, poignant et percutant, qui met en lumière des réalités trop souvent passées sous silence.
Nombreux sont ceux qui se reconnaissent dans les témoignages abordés et la façon dont ils ont été pris en charge. Quant à ceux qui n’ont jamais été confrontés à cette réalité, ils la découvrent avec effroi, tout en prenant conscience de la complexité des procédures d’accompagnement. Ces réactions nous confirment que le combat doit continuer et que ce type de film a une véritable utilité sociale. D’ailleurs, il a reçu le label « Film d’utilité publique ».
Pourquoi est-il primordial de continuer à faire des films comme le vôtre ?
Parce que les violences sexuelles restent un sujet largement tabou et que trop de victimes se sentent isolées. Parce que ce film donne la parole à toutes les victimes, qu’elles soient femmes ou hommes, sans distinction de genre. Il apporte de la nuance et invite à réfléchir sur la manière dont ces faits sont jugés, rappelant que la vérité est souvent bien plus complexe qu’elle n’y paraît. Écouter avec neutralité et juger avec impartialité est un véritable défi, notamment pour les officiers de police judiciaire en charge de ces dossiers. Réaliser des films comme celui-ci permet de briser le silence, de sensibiliser et d’éveiller les consciences. Nous avons opté pour le streaming, car, malgré une forte demande du public, la plupart des cinémas ont refusé de nous programmer. Mais nous n’avons pas renoncé, car il est essentiel de continuer à parler de ces violences, qu’elles touchent les femmes ou les hommes. Tant que ces histoires existeront, il faudra les raconter. C’est d’ailleurs pour cette raison que, en plus du film – où nous n’avons malheureusement pas pu intégrer autant de témoignages que nous l’aurions souhaité pour éviter qu’il ne dure huit heures – nous avons lancé une campagne de sensibilisation sur TikTok, sur la page @caarrive_lefilm. On y retrouve d’autres témoignages, interprétés par les acteurs du film, mais aussi, plus récemment, les paroles d’accompagnants et de professionnels de divers horizons. Chacun y explique comment son métier, quel qu’il soit, peut aider les victimes dans leurs démarches, qu’il s’agisse des procédures judiciaires ou de leur chemin vers la reconstruction.
Photo Une : Sarah Fahet