"La Vie de château" est un animé créé par Clemence Madeleine-Perdrillat. Après avoir inventé la série "Irresistible" pour Disney+, après avoir publié six romans jeunesse dans la collection Neuf de L’école des Loisirs, puis travaillé sur l'excellente fiction "En Thérapie" (Arte), Clémence Madeleine-Perdrillat emmène "La vie de château" (plusieurs fois primé), des antennes de France Télévisions au cinéma. Le 15 octobre, la petite Violette, héroïne modèle, véritable exemple de résilience et de force, délivrera son tempérament de feu.

(Avec les voix de Nina Perez-Malartre, Emi Lucas-Viguier et Frédéric Pierrot entre autres)

5 questions à... :

La série télévisée est un réel succès. Le film cinéma est une évidence. Comment avec vous travaillez l'écriture et le montage pour ne rien perdre en émotion ?

Avec Nathaniel, notre envie est de trouver à chaque fois le sens de l'histoire selon le format. L'unitaire avait un aspect resserré et dramatique, la série est plus ludique et généreuse sur les personnages secondaires, pour le long métrage nous avons voulu nous concentrer sur la relation entre Violette et Régis, c'est l'histoire d'une nouvelle famille - une famille de deux - qui se forme. Tout le travail de réécriture et de montage s'est basé sur cet axe. 

Violette et son oncle Régis sont blessés différemment. Chacun soigne l'autre. La vie de château est avant tout un film sur la résilience, la colère et la guérison ?

Violette et Régis partagent un deuil et oui, les thèmes de la guérison et de la résilience sont présents mais aussi l'idée qu'on ne se remet pas forcément des drames, "se remettre" c'est une injonction très forte. Violette vivra toute sa vie avec cette perte, Régis aussi et ils se comprennent sur ce terrain. 

Longtemps, l'animation valorisait les femmes attentistes. Les modèles changent depuis 15 ans. Violette est une petite fille forte. Vous avez à cœur de célébrer les tempéraments combatifs pour inventer des rôles modèles et référents pour la jeunesse et leurs parents ?

Bien sûr, Violette rejoint les héroïnes fortes et accidentées par la vie, je pense à Mei et Satsuki dans Totoro, à Elsa et Anna dans La Reine des Neiges. Dans le film, Violette n'a pas d'histoire d'amour, elle est centrée sur elle, sur ce qu'elle doit affronter. En ça, elle est aussi moderne car beaucoup de personnages féminins - en animation et live - sont dans le fameux "care" (le soin) des autres personnages. C'est une petite fille têtue et parfois dure - forcément elle a perdu en légèreté avec ce qu'elle vient de vivre. Beaucoup de spectatrices et spectateurs s'identifient à sa grande indépendance. 

Votre film est moderne et sonne juste. Utilisez vous la sociologie et la psychologie dans votre travail ? 

La psychologie et la psychanalyse m'accompagnent depuis des années, ce sont des outils absolument essentiels pour créer des personnages et leurs parcours. A ce sujet, une coïncidence amusante : nous avons proposé à Frédéric Pierrot d'être notre Régis avant qu'il ne devienne le docteur Dayan de "En Thérapie" et en 2020 nous nous sommes retrouvé quand j'ai dirigé l'écriture de la deuxième saison. Régis et le docteur Dayan sont très différents mais ils ont en commun de très bien écouter ! 

Quand à la sociologie, je crois qu'elle s'invite dans tous les scénarios de façon plus ou moins consciente, en l'occurrence dans "La Vie de Château" nous avions à cœur de parler des coulisses de Versailles, de ceux qui travaillent dur dans l'ombre. Régis est brouillé avec ses parents à cause du travail qu'il a choisi, il y a du mépris de leur part et Violette va tenter de réparer ça car elle ressent très fort l'injustice de la situation. 

Quelles sont les prochaines aventures de Violettes ? Et les vôtres ?

Nous réfléchissons à la suite des aventures de Violette, c'est impossible de laisser ces personnages que nous aimons tant ! L'animation prend du temps, mais Violette sera de retour ! 

Quant à moi, j'ai créé une série (en prises de vues réelles) de 4x52 minutes pour ARTE "Faussaires" dont le tournage vient de se terminer et j'écris un long métrage que je souhaite réaliser.

(crédit photo JEROME BONNET)