Les toits de Paris : labyrinthes “d’œuvriers”

Par
Lucas Santerre
24 juin 2021

Il y a quelques mois on apprenait que les toits de la capitale se portent candidats au patrimoine immatériel de l’Unesco. Le métier de couvreur-zingueur cherche alors à se faire connaître. Par-delà la reconnaissance de son savoir-faire bicentenaire, c’est toute une histoire d’hommes et de femmes qui se cache sous cette candidature. 

Paris, ville d’art et d’histoire par excellence, fait rêver le monde entier. Partons à la découverte des trésors nichés qui gravitent autour de ce dédale de tôles zinguées. 

Un peu d’histoire

Les toits de Paris sont le symbole de la ville du luxe. Ces vues emblématiques subjuguent et passionnent les foules depuis des siècles. Une explication : lors de la deuxième moitié du 19ème siècle, à l'ère haussmannienne, Paris se métamorphose. Les charpentes sont rehaussées pour gagner de l’espace. Le zinc est alors privilégié, c’est un matériau léger et peu coûteux. 70 % des toitures parisiennes en sont constituées. Une pente faible est agencée, c’est le début des célèbres chambres de bonnes prisées par les étudiants. Les toits bichonnés sont rénovés tous les 50 ans par une profession manuelle qui a du mal à recruter. C’est une “chance” pourtant selon Johan Vandaele, chef de Service Travaux Couverture chez Ravier-Riccoboni, de travailler avec “une vue grandiose sur Paris. Cet artisan dans l’âme a pour mission de partager les savoir-faire ancestraux perpétrés sur les toits de Paris. Une chose est sûre, la candidature au patrimoine immatériel de l’Unesco avait pour but principal de “mettre en lumière un métier bien trop méconnu” selon Thomas Lesne, dirigeant de Toiture Parisienne. Pour information ces toits historiques, difficiles à aménager, se donnent aujourd’hui une nouvelle jeunesse. En effet, des potagers sont plantés sur les cimes de la ville. Végétaliser pour éviter la pollution, voici l’objectif principal de l’entreprise Topager de plus en plus sollicitée pour insuffler une nouvelle agriculture alliant histoire et écologie. 

Si vous êtes intéressé par la profession de couvreur-zingueur, n’hésitez pas à visionner la vidéo très pédagogique du youtubeur Ludovic B :

Un paysage urbain de rêve

On connaît les toits de Paris par la pratique du Parkour médiatisé ces dernières années. Crapahuter sur les toits classés aux monuments historiques, voici le passe-temps favori de Baptiste Hermant, étudiant en 3ème année de licence d’Histoire à Lille qui, depuis le lycée, voue une réelle  passion pour la photographie en ces lieux insolites.

https://www.instagram.com/hermantbapt/?hl=fr

Alain Cornu, photographe professionnel depuis 11 ans, travaille principalement sur le thème des toits de Paris. Sa méthode : la chambre photographique avec pause longue à la nuit tombée. Pour lui "Paris c’est une ville de vie". Il erre sur les édifices dans le but de donner une vue différente des toits en zinc emblématiques de la capitale. Il veut "montrer ce qui est caché". Figé dans le temps, “sur les toits on est réellement sur les traces du passé” nous rapporte l’artiste. Perché sur les toits de l’Hôtel de Ville, Alain Cornu, rêveur éveillé, nous confie un sentiment de liberté et une certaine solitude face aux joyaux de la capitale. Une vue époustouflante. Là-haut, on observe le mélange entre le passé et le présent. Paris est constamment en changement. Dans cette ville grouillante, les grands panneaux publicitaires se confondent entre les toits zingués du Paris historique. Entre jeu de lumière et d’architecture, Alain Cornu ne cesse de renouveler l’œil, n’hésitez pas à contempler ses clichés sur son compte Instagram.

https://www.instagram.com/alaincornuphoto/?hl=fr

Si on emportait un petit morceau de toit avec soi…

Constance Fichet Schuss, chartraine d'origine, s'est lancée dans un projet fou : créer sous l’égide de son entreprise Les toits de Paris, un objet design à base de zinc récolté directement sur les toits. Passionnée d’Histoire et de plans de Paris, une idée lui vient : recycler les vieilles feuilles de zinc pour y typographier le tracé des plus belles artères de la capitale. Un morceau du patrimoine parisien à portée de main avec en prime une certification numérotée. Un objet qui a du sens. “Paris a une histoire forte qui fait rêver” clame la jeune créatrice. Un produit "Made in France", éthique et responsable. Une démarche bien accueillie par les artisans couvreurs qui souhaitent que les touristes et passionnés de Paris découvrent leur métier. 

Un cadeau à tous les prix en édition limitée : Fragment à 49 euros comportant un plan de Paris en blanc ou argent ; Focus à 59 euros en format carré qui se concentre sur un arrondissement parisien et Empreinte à 159 euros avec un pliage faisant référence à la couverture à tasseau traditionnelle. Œuvre unique, chaque morceau se diffère de son homologue en fonction de son exposition au soleil. On vacille entre nuances de gris, du zébré au taché. 

https://www.toitdeparis.com/

Vous l’avez compris, les toits de Paris ne cesseront de faire écarquiller les yeux des parisiens et touristes du monde entier. Un patrimoine qui ne cesse de se réinventer grâce à ces “œuvriers” qui les font vivre. Désormais, vous lèverez les yeux et contemplerez.

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