Le Stand Up évoque plus un genre global qu'une méthode. Dire que c'est juste quelqu'un debout qui parle au public est réducteur et nous serions nombreux... Maintenant, je ne considère pas que je fais du stand up. Les gens comprennent : "Jamel Comedy Club" en général. Gaspard Proust aux Etats-Unis serait considéré comme tel. Ici, nous avons eu Roland Magdane. En somme, l'idée de ce genre, c'est quelqu'un qui ne se serait pas forcement habillé pour être là. Il parle sans transition au public. Sans jouer un personnage avec des thématiques d'observation politique et quotidienne. Dans mon spectacle, j'invente un personnage passionné d'art qui le comprend... ou ne le comprend pas... et je traite de sujets inattendus et inhabituels...
J'ai acheté les cymbales avant d'écrire le sketch. Les gens ne s'y attendent pas. Je me suis rendu compte que c'est justement cette partie qui m'a fait connaître et qu'elle était assez symptomatique de ce que je fais. Le sujet est marrant et il avait bien fonctionné au festival de Montreux. Du coup, je le garde par affection.
Les études en général ça aide mais c'est vrai que si j'avais fait des études d'art, j'aurais peut-être pas osé être 1er degré avec ce sujet. J'adore ça et c'est important qu'il y ait des musées ! Après, si quelqu'un arrive à vendre sa propre merde, je le félicite (rire). Je pourrais peut-être reprocher aux gens qui l'achetent mais si lui parvient à la vendre, je dis chapeau !
Le commerce, c'était parce que je voulais une matière ardue mais sans savoir vraiment où me diriger. Et le journalisme, parce que j'aime les médias et c'était aussi une façon d'y mettre un pied. Puis j'ai fini aux Cours Florent ! Le One Man Show m'a permis de me révéler. Je n'avais pas une énorme culture humoristique mais ce que je proposais était décalé alors j'ai persisté. En Belgique, j'ai vu en tournée toutes les pointures comme Elie Kakou ou Pierre Palmade...
Nous sommes véritablement tournés vers vous comme si nous étions une partie. On est plus qu'une région mais moins qu'un pays différent. Je connaissais mieux les politiciens français que belges et mon père écoutait RTL dans la voiture quand j'étais gosse... Nous sommes totalement imprégnés de la France. Le belge moyen regarde en premier lieu TF1, France 2 et France 3, puis ensuite seulement, RTBF1, RTBF2. De plus, économiquement, on additionne les deux marchés francophones : 4.5 millions en Belgique et 65 millions pour la France. Enfin, les belges aiment quand on s'exporte en France : ils estiment que tu passes un cap...
Oui, j'aime ça ! J'ai aussi aimé être élève. Ce que je souhaite c'est que même si je parle d'une certaine manière de Mort à Venise, je suis ravi quand les gens pousse la curiosité jusqu'à aller voir ou revoir ce film. L'idée est de repartir avec quelques questions en tête sans se la prendre vraiment.
Je pense que le cas belge et le cas français sont un peu similaires mais avec des distinctions. C'est-à-dire que notre immigration est principalement marocaine et économique. Moi, je suis polonais et nous sommes venus pour travailler. Il n'y avait pas, comme en France, ce lien avec la colonie. Ici, il y a le dossier "Algérie" qui porte un souci lié à l'identité. Je crois qu'il ne faut pas se culpabiliser de l'échec de l'immigration car personne n'avait vu la puissance "islamiste". A Molenbeek, tout se passait bien, d'autant que c'est un quartier situé au centre de Bruxelles, il n'y a pas comme à Paris, ce sentiment d'exclusion puisque pas de périphérie. Le bourgmestre ne se posait pas trop de questions. Si la population voulait des mosquées, on laissait faire... aussi par clientélisme. Il aurait dû savoir mais il ne savait pas que le discours salafiste gangrenait. Il aurait agit sans cela. Il est tant qu'on se pose les questions utiles. Alors quand Valls dit "Je ne veux pas comprendre" c'est idiot ! Bien sûr que l'homme blanc a ses responsabilités, bien sur qu'il ne faut pas excuser mais il faut chercher à comprendre pour trouver la solution pour leur ôter l'envie de le refaire. Et ça passe par l'éducation.
Yasmina Jaafar