Nov 26, 2014
Isabelle Adjani est au Théâtre de Paris. Elle incarne une femme amoureuse, une femme forte, une femme éconduite. Un rôle à sa mesure et une pièce « Kinship » dont elle assure aussi la direction artistique. Une nouvelle casquette pour Isabelle Adjani qui lui permet d’exploiter d’autres aspects de son métier. L’actrice s’impose enfin et cherche à ETRE tout simplement.
Vous avez incarné, à de nombreuses reprises, des femmes aux parcours amoureux tragiques. Est-ce la première chose qui vous a attiré à la lecture du texte de Carey Perloff ?
En effet, j’ai eu envie de jouer ce texte pour parler aux femmes des femmes. Quand je vois des femmes de tous les âges répondre à ces mots et à l’histoire qu’on raconte comme si on leur tendait un miroir avec tendresse et bienveillance, moi ça me va, parce que c’est exactement ce que je voulais faire avec cette pièce : parler avec elles, avoir une conversation intime au travers de quelque chose d’écrit, de jouer et les représenter en constituant une forme de catharsis pour elles. Une façon de dire « vous n’êtes pas seule, je ne suis pas seule ! »
De plus selon les époques, le sentiment ou la douleur est le même, que nous parlions dans la langue de Phèdre ou dans celle d’aujourd’hui …
Oui, tout à fait. Le texte est évidement quelque chose qui sacralise le théâtre mais ce qui est sacrée c’est l’émotion de l’intime. Les mots sont terriblement quotidiens et la tragédie peut se jouer avec les termes de tous les jours. Etre moderne tout en évoquant légèrement Phèdre, c’était le pari que je m’étais fixée. Il y a du Phèdre, certes, mais il y a aussi un peu de Madame Bovary et de Madame de Rênal et avec un Julien Sorel ambitieux.